En matière de séduction et d’attirance, c’est un phénomène assez courant : on est souvent attiré par le même type de personnes. Ce n’est - a priori - ni un hasard, ni une fatalité. “Nous sommes en effet, toujours dirigés par notre inconscient et par ce que l’autre, celui que l’on choisit, va produire en nous”, explicite Aurore Le Moing*, psychopraticienne.

Alors, qu’est-ce qui peut pousser certaines femmes à tomber amoureusesinlassablement de partenaires déprimés, malheureux ou en échec professionnel ? Qu’est-ce qui se joue alors dans leur inconscient pour avoir envie de sauver ces personnes ? Comment expliquer ce que l’on nomme communément “le syndrome de l’infirmière” ?

Syndrome de l’infirmière : le lien à la mère

Par définition, “la notion de “syndrome de l’infirmière” caractérise des femmes qui sont toujours attirées par des hommes qui vont mal”, explique Aurore Le Moing. Avant d’ajouter, “au sens large, car aller mal, c’est une notion plus ou moins propre à chacun”. Dans les faits donc, certaines femmes vont être attirées uniquement par des partenaires en détresse, animées par un besoin irrépressible de leur venir en aide. Ainsi, le simple fait de s’occuper de l’autre avec bienveillance, va faire naître chez elles fascination et attirance.

Aurore Le Moing commence par expliquer que “le syndrome de l’infirmière est directement relié au syndrome du sauveur et qu’il fait référence à la mère. “A la bonne mère, celle qui s’occupe de son enfant malade, qui est là pour lui, qui l’aime et le soutient”, précise l’experte. On peut éventuellement imputer cette représentation de la femme, à celle que l’on a connu durant l’enfance, qui a choyé et protégé l’enfant que l’on a été. “Dans ce cas, on a affaire à une reproduction de ce qui nous a été inculqué”, décrypte ainsi la psychopraticienne.

Mais quand on a connu une mère persécutrice, on peut se trouver dans la situation contraire, celle de l’insécurité ou “du mauvais sein” selon les écrits de la psychanalyste Mélanie Klein. “Dans ce cas là, on va vouloir prendre le contrepied de ce que l’on a pu nous-mêmes recevoir”, explique Aurore Le Moing. Avant d’expliquer que “quand la femme va rencontrer cet autre qui semble aller mal, elle va se projeter en lui et peut effectuer un transfert sur son compagnon. C’est-à-dire qu’elle va comprendre ou croire qu’elle comprend ce qu’il ressent et ce dont il a besoin, car elle-même aurait eu besoin de ce traitement aimant”.

Syndrome de l’infirmière : celle qui soignait son bourreau

Pour Aurore Le Moing, quand une femme - qui a connu une mauvaise relation avec sa mère - souffre de ce syndrome, c’est que intrinsèquement elle essaye de se réparer elle-même, en campant enfin le rôle de cette bonne mère qui soigne son enfant. “Ce stratagème permet une seconde chose : celle de s’occuper des autres et non de soi, et donc ne pas regarder en face ses propres besoins”, complète Aurore Le Moing.

Et que se passe-t-il quand celui qu’il fallait sauver au début de la relation va de mieux en mieux ? Dans ces cas là, “il n’est pas rare de voir que la femme peut soit ne plus vouloir de cette relation ou bien même, à son tour, se sentir mal et que la situation s’inverse au sein du couple”, répond Aurore Le Moing. Toujours selon elle, il est difficile de détacher le syndrome de l’infirmière de ce qu’il se joue dans le triangle dramatique de Karpman. “Dans ce type de configuration, l’homme aura la place de la victime, la femme du sauveur et le bourreau peut être une multitude de choses, une personne, le travail, la famille etc … Ces rôles permettent à la fois de se positionner dans l’homéostasie du couple, et aussi de pouvoir alterner entre victime, bourreau et sauveur. Ils sont définis par le transfert que les deux personnes du couple mettent en place”, poursuit-elle.

Quand la femme revêt son costume d’infirmière, son partenaire s’installe très logiquement dans son rôle de victime. “Il peut tout à fait en jouer, consciemment ou non, car c’est malgré tout une position qui peut s’avérer agréable”, précise la psychopraticienne. Mais celle qui souffre du syndrome de l’infirmière trouve aussi un véritable intérêt : “c’est un rôle très gratifiant d’un point de vue narcissique mais il place l’autre en incapacité”, complète-t-elle.

Sortir du syndrome de l’infirmière

Une fois que cette situation est identifiée, et que l’on comprend les mécanismes et automatismes qui se jouent dans ces situations, l’important est de savoir comment l’on se sent dans cette configuration, si l’on se sent épanouie ou non. Auquel cas, il faut s’interroger sur ce qui pousse à répéter cette situation.

Ce ne sera que grâce à un travail sur soi (éventuellement à l’aide d’un psychothérapeute) qu’on pourra comprendre ce qu’implique ce comportement, quelles sont ses origines, pour enfin pouvoir en sortir et assainir ses relations.